TRABY Odette, Germaine, Francine
Née le 9 avril 1938 à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), morte le 4 août 2016 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; institutrice puis professeur d’enseignement général des collèges (PEGC) à Elne (Pyrénées-Orientales) ; militante syndicaliste (SNI puis SNI-PEGC et, enfin, SNUIPP-FSU) ; membre du conseil syndical départemental de ce syndicat ; conseillère municipale d’Elne puis adjointe au maire ; militante associative (FOL et nombreuses associations culturelles et sportives).
Odette Traby était la fille d’Aimé, André, Antoine né le 14 mars 1908 à Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales) et de Germaine Pacull née à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 15 juillet 1906. Son père fut successivement instituteur à Sansa, Argelès-sur-Mer et Rivesaltes, localités des Pyrénées-
Orientales. C’était un militant laïque, anticlérical, proche du PCF. Sa mère fut institutrice à Porté (Pyrénées-Orientales) puis à Argelès-sur-Mer, au cours complémentaire où elle enseigna les mathématiques. À Rivesaltes elle fut directrice du cours complémentaire et de l’école de filles de la localité. Laïque, elle était selon les propos de sa fille, « ancrée à gauche ». Odette Traby eut un frère et une soeur qui, tous deux, furent aussi instituteurs et dont les enfants embrassèrent la même profession. Elle ne reçut pas d’instruction religieuse. Elle resta célibataire. Elle conserva des liens très étroits avec la commune natale de son père, Villefranche-de-Conflent, qu’elle ne cessa de fréquenter dans son enfance et adolescence.
Elle fréquenta l’école normale de filles de Perpignan de 1955 à 1959. Elle obtint un baccalauréat dans la série des sciences expérimentales. Puis elle suivit les cours de l’école (Centre national de formation et de perfectionnement des professeurs d’enseignement ménager et ménager agricole) de Montlignon (Seine-et-Oise – Val-d’Oise). À l’issue de ces études, elle obtint un diplôme universitaire d’études scientifiques de biologie. Elle fut nommée au collège d’enseignement secondaire Paul-Langevin d’Elne (Pyrénées-Orientales) où elle fit toute sa carrière jusqu’à sa retraite en 1981. Institutrice, elle devint ensuite PEGC. Elle enseigna la biologie, l’enseignement ménager agricole et, selon les besoins du service, la gymnastique, l’espagnol et la musique.
Odette Traby adhéra au SNI dès sa sortie de l’école normale. Militante de la tendance Unité et action, elle fut élue au conseil syndical du SNI alors que Lucette Pla-Justafré* était encore secrétaire départementale (jusqu’en février1964, puis à nouveau, provisoirement, d’octobre 1964 jusqu’au 16 décembre 1965 date à laquelle Gérard Erb devint secrétaire départemental). Elle demeura membre de cette instance alors qu’Émile Marty* puis Gérard Erb, occupèrent ces fonctions. Après l’élection de Gérard Erb, le 16 décembre 1965, elle devint la secrétaire adjointe de la section départementale du SNI et le demeura tant qu’Unité et action conserva la direction de la section départementale du syndicat devenu entre-temps SNI-PEGC. En juin 1972, lorsque le renversement de majorité permit à la tendance UID (Unité, indépendance et démocratie) de prendre la direction de la section du SNI-PEGC et à Gilbert Soum* d’accéder au secrétariat, Odette Traby demeura membre du conseil syndical où elle fut une des principales animatrices du courant Unité et action. Elle le demeura jusqu’à son départ à la retraite. Elle siégea à la CAPD jusqu’au 11 décembre 1975. Elle fut également membre du Conseil départemental de
l’enseignement primaire du 23 avril 1973 au 6 mai 1976. Elle fut responsable du SNI-PEGC dans sonétablissement. Elle s’engagea à fond dans le mouvement de mai-juin 1968 dont elle fut l’une des animatrices à Elne et parmi les enseignants du département. Elle pratiqua une pédagogie d’avant-garde.
Ses préoccupations culturelles l’amenèrent à introduire puis à développer les classes patrimoine au collège Paul-Langevin d’Elne.
Odette Traby n’adhéra jamais à un parti. Elle fut proche du PCF comme elle l’écrivit dans sa réponse au questionnaire remis pour la rédaction de cette notice, elle « a toujours milité pour l’Union de la Gauche ». Elle fut élue conseillère municipale d’Elne en 1965 sur la liste d’Union de la gauche conduite par Narcisse Planas* (PCF). À l’issue des élections municipales de 1971 où l’Union de la gauche fut reconduite, Odette Traby devint adjointe à la culture. Elle fut réélue en 1977, 1983, et 1989 toujours sur des listes conduites par Narcisse Planas* et conserva les mêmes fonctions. En 1995, la gauche fut battue. En 2001, elle retrouva la majorité lors des élections municipales. Odette Traby, candidate sur la liste conduite par Nicolas Garcia (PCF), retrouva les fonctions qu’elle avait perdues en 1995. Odette Traby participa en 1959 à la création de l’Amicale laïque illibérienne (d’Elne). Elle siégea au conseil d’administration et devint animatrice. Elle créa la première équipa de basket féminine d’Elne, au sein de cette Amicale laïque. Elle en fut entraîneur et dirigeante (membre du bureau) de 1962 à 2000. Toujours, dans le cadre de l’Amicale laïque, elle fit fonctionner, de 1964 à 1972, avec son compagnon Michel Briqueu, le Centre d’accueil d’Elne et fut aussi animatrice puis directrice des stages« Connaissance de la France » avec la Jeunesse et les Sports.Elle fut élue au conseil d’administration de la Fédération des oeuvres laïques des Pyrénées-Orientales et fut responsable de sa section "basket". Elle créa, avec Jean-Paul Barboteu, un spectacle son et lumière dans la cathédrale d’Elne. Elle participa à la création de l’école de musique d’Elne et siégea à son bureau. Elle fut, dès 1965, un membre très actif des Amis d’Illiberis, association de défense du patrimoine d’Elne qui a impulsé en particulier les fouilles archéologiques entreprises dans les années 1960 par Roger Grau* et Louis Bassède*, par ailleurs devenu en 1965 principal du collège Paul-Langevin de la ville. Cette association fit connaître le riche passé de la cité d’Illiberis / Elne et de son prestigieux patrimoine en publiant des ouvrages, organisant des colloques — comme, par exemple, celui, très remarqué en hommage à Roger Grau*, Elne, ville et territoire. L’historien et l’archéologue dans sa cité (2003) — et des conférences. En 2009, Odette Traby en était toujours la trésorière. Odette Traby fut pendant de nombreuses années la présidente du festival Musique en Catalogne romane fondé en 1981. En 1994, elle fut à l’origine de la création du musée « Étienne-Terrus » réalisé par la municipalité présidée par Narcisse Planas*. En 2009, Odette Traby était toujours la directrice artistique de ce musée municipal consacré à un célèbre peintre originaire d’Elne où il résida la plus grande partie de sa vie. Avec son compagnon Michel Briqueu, elle créa à Elne la Galerie de l’If quiartistique. Elle siégea aussi au Cercle des authentiques cabochards (le Cercle rassemble des peintres et poètes et édite la revue La licorne d’Hannibal) et participa, dans ce cadre à des lectures de poèmes.
Par son action municipale et associative, Odette Traby a pendant plus d’un demi-siècle contribuéà animer la vie culturelle et sportive de sa ville d’adoption, à la faire connaître et à contribuer à son renom. Malade, elle s’éteignit à Perpignan. En novembre 2016, à Elne, à la salle municipale Roger-Grau*, les Amis d’Illiberis rendirent hommage à leur ancienne présidente et rappelèrent en présence d’une assistance d’artistes, d’intellectuels, de collègues et d’élus tout ce que la ville lui devait. Il a été décidé qu’une salle du musée Terrus porterait désormais son nom. Ses amis publièrent deux articles dans L’Indépendant (Perpignan) des 11 août et 29 novembre 2016. Dans le premier d’entre eux, l’auteur anonyme rendit, avec justesse, hommage à " (...) une forte personnalité, un rien féministe, un peu anar, un zeste coco, un soupçon écolo".
SOURCES : Archives du SNI détenues par Michel Ribera et consultées en 1984. — Réponse écrite à un questionnaire (Elne, 3 décembre 2009). — L’Indépendant, quotidien, Perpignan, 11 août 2016, 29 novembre 2016 (tous deux publiés dans la rubrique locale d’Elne). — Souvenirs personnels (André
Balent).
André BALENT